La lecture du paysage politique tchadien par Moustapha Masri, ex vice-président du parti Les Transformateurs, après le retour au bercail de Dr Succès Masra

Article : La lecture du paysage politique tchadien par Moustapha Masri, ex vice-président du parti Les Transformateurs, après le retour au bercail de Dr Succès Masra
Crédit:
18 décembre 2023

La lecture du paysage politique tchadien par Moustapha Masri, ex vice-président du parti Les Transformateurs, après le retour au bercail de Dr Succès Masra

Depuis la mort tragique du Maréchal Idriss Déby Itno en avril 2021 jusqu’aujourd’hui, le Tchad traverse une zone politique très turbulente marquée par ce que certains appellent une manifestation pacifique réprimée dans un bain de sang. D’autres évoquent une insurrection, une guérilla urbaine polarisée par une haine viscérale basée sur les appartenances ethniques, politiques, confessionnelles, régionales, etc.

Dans un après-midi calme, sous un ciel pur et bleuâtre, au bord du fleuve Chari, au quartier Sabangali dans le 3ème Arrondissement de la ville de N’djaména, nous avons pris un rendez-vous avec Son Excellence Moustapha MASRI, le désormais ex vice-président du parti Les Transformateurs de Dr Succès MASRA. Nous vous invitons à vous installer et dévorer avec volupté les mots débités par cet homme politique pour décrire le paysage politique sur la terre de Toumaï.

Monsieur Moustapha Masri, Président du Parti Paix et Cohésion Sociale. © M.M

Monsieur Moustapha Masri (M.M), pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

M.M : Bonjour, je suis honoré par la considération et l’opportunité que vous m’offrez pour m’exprimer à travers RFI Mondoblog. Comme vous le savez, je n’aime pas beaucoup parler de moi et si je dois entrer dans les détails cela nous prendra pratiquement une journée. Tout de même, je suis ce jeune tchadien se définissant appartenir à une seule entité qui est le peuple tchadien, fils de Toumaï. Je suis ce tchadien métis, de père biologique du nord et de père adoptif du sud. Je suis cet enfant du Tchad qui a connu toutes les douleurs de notre pays dans sa chair et non par procuration. Mon grand-père était parmi les premiers députés en 1958 mais aussi parmi ceux qui se sont opposés à la modification de la Constitution en 1963 et qui a connu la prison et toutes les difficultés pour cela, avec tant d’autres Tchadiens. Mon père biologique qui est du nord faisait partie de la liste noire du Président Tombalbaye, pour ceux qui connaissent l’histoire mouvementée de notre pays. Il a été arrêté avec tant d’autres Tchadiens, assassinés et jetés dans une fosse commune à Mandelia. Cette liste noire a été dévoilée après le coup d’état de 1975. Mon père adoptif, originaire du sud, a été arrêté dans les années 1985-1987 et mort en prison. Ma grand-mère maternelle est l’une des premières femmes du nord à s’engager en politique et figure parmi les porteuses de l’authenticité depuis les années 60. Vous savez que sans la paix, il n’y a pas point d’existence mais sans l’unité il n’y aura point de paix non plus et seuls ceux qui ont vécu les douleurs dans leur chair et âme sont les plus aptes à construire la paix et à pardonner pour qu’il n’y ait point de répétition. Revenant à ma personne, je suis un technicien de formation, ingénieur concepteur en viabilisation des villes et des cités ayant ma propre entreprise et ayant représenté plusieurs grandes sociétés internationales au Tchad et à l’étranger mais j’ai arrêté tout cela pour m’engager en politique, non pas pour moi et ma famille mais par devoir envers mon pays, notre patrie. Pour la petite histoire, j’étais sur le point de quitter le Tchad, j’avais vendu quelques maisons et véhicules pour aller m’installer à l’étranger quand l’idée de la création du mouvement Les Transformateurs a émergé et nous avons tout arrêté pour nous engager dans la politique par devoir malgré les douleurs que la politique a infligé à notre famille, notre milieu et notre entourage. Voici une synthèse de qui est Moustapha Masri. Ce Tchadien métis, de culture nordiste et sudiste, maîtrisant parfaitement la religion chrétienne et musulmane et ayant fait le choix de la religion musulmane. Nous sommes des millions de ces Tchadiens métis, métis culturellement, par amitié, par alliance, etc. Ces Tchadiens se définissent appartenant à une seule entité Toumaï dans la multi-culturalité.

Vous étiez le vice-président du parti Les Transformateurs avant de vous rétracter, expliquez-nous ce qui a déclenché cette rupture ? En quittant ce parti pour en créer un autre, êtes-vous toujours de l’opposition ou de la mouvance présidentielle ?

M.M : J’avais relaté toutes les causes de ma démission le 27 octobre 2022. D’ailleurs à plusieurs reprises, lors de différents points de presse, j’y suis revenu. L’élément clé de ma démission de mon ancienne famille politique est le fait qu’elle ne garde plus notre idéologie, notre objectif et notre vision initiale. D’une manière insidieuse, étape après étape, tout doucement, le parti est sorti de son idéologie de base pour à tout prix conquérir le pouvoir. C’est cette déviation, ce déraillement politique qui nous a précipités frontalement dans le mur ce jeudi 20 octobre 2022. Le temps a fini par me donner raison. Je dis souvent que le meilleur juge est le temps. Voilà, il a tranché en ma faveur. Je suis entré dans le mouvement Le Transformateur par devoir, je l’ai quitté par devoir et j’ai créé ce nouveau parti Paix et Cohésion Sociale aussi par devoir pour panser les plaies. Pour qu’ensemble, nous puissions refonder un Tchad nouveau. Vous savez, insidieusement nous avons semé dans le cœur tchadien la notion de la haine et du rejet de l’autrui, le repli identitaire. Ce triste 20 octobre est une conséquence fâcheuse de ce déraillement idéologique. Ce jour-là, le summum a été atteint et au nom d’un seul individu, de son égo, de son ambition, de sa volonté, des vies humaines ont été jetées en pâtures. Le parti Paix et Cohésion Sociale est créé pour recoller toutes ces fractures socio-culturelles car nous pensons qu’en cette période de transition la paix et l’unité sont des éléments très importants. Rappelons que la transition n’est pas un pouvoir, elle se veut participative. En ce sens, nous, Tchadiens, sommes tous appelés à apporter notre pierre à la consolidation, à la construction de cette voie qui mène vers un Tchad meilleur.

Sommes-nous de la mouvance présidentielle ? Je viens de vous dire qu’en cette période de transition, l’on ne parle pas de pouvoir. La transition est dite participative. Il doit concerner tous les Tchadiens sans exception. Donc, nous soutenons cette transition vers un Tchad stable. C’est dans cet esprit que le Parti Paix et Cohésion Sociale ouvre ses portes à toutes et à tous. C’est dans cette lancée que nous sommes allés à la rencontre des autorités du pays notamment le Président de la République, le Premier Ministre, tant d’autres membres du gouvernement de l’Union nationale et nous allons continuer à cimenter cette cohésion en allant vers d’autres acteurs de la société civile et les personnes ressources sans distinction. Nous menons ces démarches afin d’être, tous, réunis autour de l’élément commun. Cet élément qui nous appartient tous est le Tchad qui fait de nous, les filles et fils de Toumaï. Nous citons souvent Antonio Gamsci qui dit que la crise c’est quand le vieux est mort et que le neuf ne peut pas naître et nous sommes dans un moment comme celui-là, et il a rajouté que de ce clair-obscur peut naître un monstre. Ce qui voudrait dire que nous devons être un parti rassembleur pour protéger le Tchad contre les démons, contre ceux qui veulent le morceler, contre ceux qui veulent manipuler le peuple pour un dessein mesquin, contre ceux qui veulent semer la haine, la discorde et le chaos. Nous tendons la main à la transition pour qu’ensemble nous puissions bâtir ce bateau qui nous acheminera vers l’autre rive où il y a la cohésion pacifique. Voici brièvement comment nous nous définissons.

Que pensez-vous de la répression sanglante des manifestants contre la prolongation de la transition, ce jeudi 20 octobre 2022 sur l’ensemble du territoire ?

M.M : Il est très facile de dire que ce qui s’est passé ce jour 20 octobre est une répression sanglante des manifestants. Ceux qui le disent ou le pensent, amorcent un virage très court. Au nom de l’histoire, ce n’était pas une manifestation. C’était une insurrection ! Des Tchadiens ont été utilisés, manipulés, jetés en pâture. Ils se sont légués pour s’en prendre à leurs compatriotes. Parmi les morts, il y avait des camarades Transformateurs, mais aussi des Tchadiens qui ont été attaquées à cause de leur appartenance ethnique, confessionnelle et régionale. Nous serons de ceux qui diront l’histoire au nom de la vérité. Nous n’édulcorons pas la vérité. Les événements du 20 octobre ont été choquants, douloureux, écœurants et tragiques. Ils marqueront négativement l’histoire déjà sombre de notre pays. Nous sommes de cette ère politique qui sera marquée de façon indélébile de l’avant et de l’après 20 octobre. Ceci reste un très mauvais souvenir. Nous devons nous relever pour bâtir un Tchad sur la sincérité, la vérité et la bonne foi. Sans ces trois éléments nous ne pourrons pas atteindre l’autre rive où se trouvent la cohésion et la paix. Tous ces morts, toutes ces personnes qui ont eu des souffrances physiques, morales, psychologiques, etc. et toutes celles qui ont cru à notre engagement politique restent à jamais dans nos mémoires et nos cœurs.

Qu’est-ce qui fait la différence entre MASRI et MASRA ?

M.M : Je n’aime pas m’élever et me comparer à une quelconque personnalité car la comparaison fait naître l’égo : l’absence de l’humilité. Si Masri doit être défini un jour, je laisse l’histoire le faire. Tout ce que je peux dire en ma personne est ceci : je porte la cohésion sociale, l’unité et la paix. Nous, Tchadiens, de tout horizon, appartenons à une seule entité appelée Toumaï. Bref, par mes origines, je porte le métissage d’un Tchad diversifié (cultures, langues, religions, régions, …). Le reste, comme je l’avais dit, je laisse la génération future le peaufiner.

Le Président de la Transition Son  Excellence Mahamat Idriss Déby Itno a toujours prôné le dialogue, la réconciliation et la cohabitation pacifique et a organisé le DNIS (Dialogue National Inclusif et Souverain) où l’on a vu la participation des politico-militaires (suite à l’accord de Doha) et très récemment le 31 octobre dernier, la Transition et le parti Les Transformateurs ont signé un accord dit de principe amnistiant les auteurs des massacres du « jeudi noir » (20 octobre 2022), quelle lecture faites-vous de ce jeu politique ?

M.M : La seconde phase de la transition est définie par le DNIS qui prône le dialogue, la réconciliation et le pardon. C’est la raison pour laquelle ce dialogue a vu la participation de plusieurs acteurs notamment les politico-militaires, la société civile, les chefs religieux et traditionnels, les activistes qui sont venus de différents horizons après tant d’années d’exil. Ceci est le fruit de la main tendue, du pardon et de la réconciliation prônée par le Président de la transition, le Général Mahamat Idriss Déby Itno. Dans cette lancée politique dont l’objectif est l’unicité dans la diversité, le parti Paix et Cohésion Sociale s’aligne de facto derrière la transition car notre crédo est Paix et Cohésion sociale. En effet, les éléments qui consolideront notre ferme attachement et notre lien avec le parti au pouvoir sont la sincérité, la vérité et la bonne foi. Sans ces trois éléments fondamentaux, nos efforts pour bâtir un Tchad, havre de paix sont vains. D’ailleurs, lors de l’une de nos sorties politiques et médiatiques, nous avons dit ceci : nous croyons à la transition, avons confiance au Chef de l’État et à son gouvernement de l’Union nationale. Nous croyons à la sincérité, la vérité et la bonne foi des autorités impliquées pour la réussite de la transition. Le seul porteur du pardon, de la réconciliation mais aussi des réparations ne peut être que l’État lui-même. Aucun individu, aucun parti politique ne peut avoir la présomption de dire qu’il est le porteur de la réconciliation. Nous connaissons nos acteurs politiques, nous savons leurs modes opératoires, ils ne surfent que sur les peuples en les endoctrinant pour le seul but d’atteindre leurs intérêts égoïstes et mesquins. Nous croyons que le seul garant du pardon, de la réconciliation, des réparations, de l’amnistie, de la paix et de tout ce qui peut suivre est uniquement l’État en qui nous faisons entièrement confiance. En dehors de l’État, il n’y a aucun acteur, aucune dénomination politique ou religieuse qui peut prétendre semer tout(e) seul(e) la réconciliation, le pardon et la paix.

Savez-vous que les victimes des événements du 20 octobre ne sont pas seulement dans un seul camp ou parti politique ? Les personnes non concernées ou intéressées par les activités politiques ont été visées. Des domiciles des particuliers ont été ciblés parce qu’ils appartiennent à tel clan ou telle ethnie. Donc, un seul parti ou acteur politique ne peut pas se dire porte-parole ou garant des victimes des événements du 20 octobre. Seul l’État à travers son Chef peut porter garant et recoller tous les morceaux dispersés pour un Tchad réconcilié où règne la paix.

Qu’est ce qui a pu amener Dr Succès MASRA qui avait refusé la main tendue de Déby père à saisir comme par envoutement celle de Déby fils ? Pourquoi ce virage très brusque à 180° degrés de votre ex-associé politique ?

M.M : Lorsque nous avons démissionné, ils nous ont attribué tous les qualificatifs très négatifs. Le premier acteur du parti Les Transformateurs lui-même disait que mon équipe et moi sommes des « Blaise Comparé » et que lui et ceux qui n’ont pas renié le parti Les Transformateurs sont les « Thomas Sankara ». Vous constatez aujourd’hui que le temps nous donne raison. D’ailleurs, nous disons souvent que notre seul juge est le temps et l’histoire. Tout de même, nous n’allons pas rester figés à démêler ou piocher le passé. La vie est un livre qu’il faut tourner la page pour découvrir le contenu. Donc, nous tournons cette page de mésententes et dissonances et tendons la main à nos compatriotes. Si cette réconciliation avait eu lieu plus tôt les événements tragique du 20 octobre auraient pu être évités. Nous n’allons pas pour autant rejeter ou repousser autrui en le jugeant pour les erreurs commises par le passé. Nous, en tant que parti promoteur de la paix et la cohésion pacifique, n’allons pas jeter l’opprobre sur les autres. Nous ne l’avions pas fait lorsqu’il fallait répondre aux provocations et critiques acerbes contre notre personnalité. Donc, nous ne le ferons pas non plus en tant que messagers de la paix. Nous cherchons plutôt à bâtir notre pays sur la sincérité, la vérité et la bonne foi. Que cesse la politique politicienne et manipulatrice. Qu’on arrête d’exploiter le peuple à des desseins personnels. Si nos compatriotes du parti Les Transformateurs ont pu comprendre qu’ils étaient sur la mauvaise voie, qu’ils soient les bienvenus. Cependant, nous devons tous savoir que sans la sincérité, la vérité et la bonne foi, il n’y a aucune cohésion sociale, aucune réconciliation.

Le 17 décembre 2023, les Tchadiens sont appelés à se prononcer par un référendum sur la forme de leur Etat : Unitaire ou Fédéral. Quelle est la forme que vous souhaiteriez avoir si vous avez les rênes du pouvoir ?

M.M : Nous sommes les premiers parmi tous les autres, lors de la présentation de notre parti Paix et Cohésion Sociale à la nation tchadienne et au monde entier, le 08 juillet 2023, à appeler tous les Tchadiens à voter le « oui » pour un État unitaire fortement décentralisé car nous sommes des porteurs de l’unité, de la cohésion sociale et sommes les ambassadeurs de la paix. Beaucoup pensent que nous avons déjà essayé l’État unitaire fortement décentralisé. C’est faux. C’est la première fois que l’État unitaire fortement décentralisé est adopté par la constitution tchadienne. Si ce choix vient à être voté par le peuple, mis en application dans sa forme et son fond, il est pratiquement équivalent à la fédération que certains préfèrent que nous l’adoptons. Le Tchad est un pays qui tente de sortir des cendres de guerres, de clivages linguistiques, régionaux, claniques, confessionnels, etc. donc le système qui serait compatible à un tel pays est bel et bien l’Unitarisme et non le fédéralisme qui nous maintiendrait dans le rejet de l’autre et toutes les formes de dichotomies précitées. Disons-le clairement, nous sommes pour le OUI et mobilisons nos différents comités qui sont plus de 80 à N’djaména et une cinquantaine dans les provinces pour le jour « J » du 17 décembre 2023. Si la génération actuelle veut sortir la tête des eaux boueuses du marécage et bâtir un solide pont pour les générations futures, c’est maintenant qu’il faut se lever et aller faire le choix du OUI pour la paix, la cohésion sociale et le développement.

La transition vient de célébrer l’an un de sa deuxième phase post-dialogue national, quel bilan pourriez-vous dresser ? Positif ou négatif ?

M.M : Le bilan de l’an Un d’une transition débouchant sur le DNIS est un bilan positif. Il est positif car la quasi-totalité des recommandations prises lors de cette messe nationale ont été respectées. Les priorités de la transition sont l’unité, la sécurité des biens et personnes, le pardon et la réconciliation des peuples tchadiens. Nous le constatons aujourd’hui par la main tendue de la transition au parti Les Transformateurs pour ne citer que celui-là. L’élément fondamental de la réussite de la transition est le retour à l’ordre constitutionnel. Nous acheminons vers le référendum à l’issue duquel le peuple tchadien aura la forme de l’État voulu. Ensuite, viendront les élections au cours desquelles le Président de la République, les députés, les gouverneurs, etc. seront librement élus dans la transparence.

Après le printemps arabe, l’Afrique noire francophone est balayée par une tempête soviétique sinon russe qui, tour à tour, a englouti le Mali, le Burkina et le Niger. Ces pays, contrairement au Tchad, recouvrent désormais une totale indépendance politico-économique face à la France, l’ancienne puissance colonisatrice. Selon vous, qu’est-ce qui expliquerait ce déclic, ces coups d’État en série ?

M.M : Votre question est très pertinente. Nous croyons au partenariat gagnant-gagnant et sommes du côté de ceux qui veulent aspirer à la souveraineté et à une totale indépendance. Je ne crois pas que la meilleure solution aux maux qui empoisonnent notre environnement socio-politico-économique est de quitter une puissance partenaire pour une autre. Ceci n’est que du blanc bonnet, bonnet blanc. Le nœud des problèmes qui freinent l’émergence socio-économique du continent noir est l’éducation de base, l’absence d’une prise de conscience nationale. Si un peuple est conscient de la misère, du sous-développement, etc. dans lequel il gît, ce n’est pas une puissance extérieure qui l’empêcherait de se relever. Attention ! Il faut noter que les coups d’État n’ont jamais été une solution favorable à une sortie de crises. L’un des défauts de la jeunesse africaine est qu’elle ne se replonge pas dans le passé. L’on dit que l’histoire bégaie souvent lorsque l’on ne lui prête pas attention. Les générations de nos pères ont connu pas mal de coups d’État mais cela n’a pas déclenché une « révolution industrielle » sur le continent. Il y avait certes, l’apparition des acteurs politiques engagés tels que Thomas Sankara, Kwamé Kourouma, … qui ont marqué l’histoire du continent par leurs idéologies. Malheureusement, tous ces pays n’ont pas pu sortir de la spirale de guerres et des violences qui sont les principales causes de nos misères. Ainsi, nous sommes totalement contre les prises de pouvoir par la force ou les voies non démocratiques. Nous ne sommes pas dans la logique de ceux qui croient que la cause de leurs malheurs est extérieure. Je m’en vais citer un artiste musicien ivoirien Apha Blondy qui disait dans l’une de ses chansons ceci : « Les ennemis de l’Afrique sont les Africains eux-mêmes. Les Algériens égorgent les Algériens, les Rwandais massacrent les Rwandais, les Angolais brûlent l’Angola, …».

Quels conseils donneriez-vous à la jeunesse tchadienne pour son émancipation socio-politico-économique ?

M.M : Je ne cesserais pas de marteler à la jeunesse de bien accomplir ses devoirs citoyens en œuvrant pour l’unité de la nation. J’interpelle la jeunesse à s’engager massivement dans la politique car la politique si tu ne la fais pas, tu dois la subir. Pour nous, l’apolitique est une notion abstraite. Chaque jeune doit à son échelle, à son niveau, à ses limites, etc. s’impliquer au développement de son environnement socio-économique en pratiquant par exemple l’entrepreneuriat. L’État n’est pas une entité extérieur, l’État c’est nous. Nous devons nous atteler en cette période charnière de transition à retrousser les manches en accomplissant normalement nos devoirs les uns envers les autres. L’Etat est le reflet de nos actions.

Le Président de la transition Mahamat Idriss Déby Itno a certes fait des concessions avec tant d’opposants politico-militaires et civils. La plus récente et marquante est l’accord de principe signé le 31 octobre 2023 à Kinshasa ayant permis le retour au bercail de son farouche « rival politique »; Dr Succès Masra, Président du parti Les Transformateurs. Qu’en est-il du développement économique du pays qui passe forcément par le développement de l’appareil judiciaire? Peut-on bâtir un Tchad nouveau sur le népotisme, le clientélisme, l’impunité, la corruption, etc.?

Le logo du parti Paix et Cohésion Sociale (PCS). © Moustapha Masri
Partagez

Commentaires

Baltazard tchouafene
Répondre

Je remercie vivement le président Moustapha Masri ,président du parti paix et cohésion sociale p,c,s, d'être à cœur ouvert, je me suis retrouvé en voyage à travers cette lecture dans le temps et l'espace.l'Afrique en général et le Tchad en particulier à besoin des hommes politiques rassembleur comme vous pour notre Union.

VEÏVRA IYE DARFINE NOËL
Répondre

Son Excellence Baltazard Tchouafene,
Nous vous remercions pour la lecture et le commentaire posté. Nous vous encourageons à vous accrocher à notre page (https://thermo.mondoblog.org/wp-admin/edit-comments.php?p=403&comment_status=moderated) car vous y trouverez de beaux textes. Merci et à très bientôt!